Par
Stephen A. Kent, Professeur au
Département de Sociologie, Université d'Alberta, Canada
- 1997
Traduction: Roger Gonnet 1998
J'ai longuement donné mon
sentiment à propos de la religiosité prétendue
de la secte scientologico-dianétique dans mon livre "Une
secte armée pour la guerre".
Voici un document d'étude scientifique émanant
d'un scientifique connu, spécialisé en sociologie.
On lui doit entre autres un texte
sur le lavage de cerveau en liaison avec
la scientologie.
Le traducteur.
Vous préférez sauter aux conclusions de suite? ici.
30 Juin 1997
LA SCIENTOLOGIE EST-ELLE UNE RELIGION?
Il n'est que rarement arrivé - voire
jamais - après la guerre mondiale, que les diplomates
des super-puissances aient eu à s'embarrasser à déterminer
la nature religieuse ou non d'un groupement multi-national.
On peut donc dire que l'actuel débat entre Allemagne
et Etats-Unis sur la nature supposée religieuse de la
scientologie est une première dans l'histoire récente.
On ne peut que se féliciter du fait que le gouvernement
et le peuple allemand cherchent à obtenir d'autres informations sur
cette organisation, et je suis heureux d'avoir la possibilité de
partager ici mes idées sur la question.
Je déclare d'emblée n'avoir
eu aucun contact avec les autorités ou le gouvernement
allemand lorsque j'ai préparé cette conférence.
J'ai discuté une dizaine de minutes avec un Professeur
allemand impliqué dans la discussion au sujet de cette
organisation, mais nous n'avons qu'effleuré les questions
liées à la scientologie. Le journal allemand "Kirchentag" me
défraye pour le voyage et mes frais hoteliers à Leipzig,
et le Berliner Dialog couvre mes frais, mais aucune note d'honoraires
ou salaire. J'avais toute liberté pour écrire
ce que je pensais sur le sujet des prétentions religieuses
de la scientologie.
Ayant une formation en matière d'études
religieuses, je crois que le débat sur la nature religieuse
ou non de la scientologie est d'importance. Ce ne devrait néanmoins
pas être l' aune unique à laquelle mesurer l'actuel
débat germano-américain quant aux prétentions
religieuses scientologiques. Les questions de droits de l'homme
sont intimement liées à cette affaire de religion.
Certains pensent que la pratique religieuse est un droit de
l'homme garanti, mais une observation même superficielle
des évènements du monde actuel montre que bien
des atrocités sont commises au nom de Dieu ou de la
religion. Par conséquent, la croyance religieuse doit recevoir protection universelle, mais la
pratique issue de cette croyance ne
doit recevoir de protection qu'autant qu'elle ne commence pas à violer
les droits humains de ses membres ou des non-membres. Partant
de là, j'analyse le fait que si la scientologie contient
une théologie et une cosmologie que certains membres
interprètent comme religieuses, les actions et comportements
de l'organisation posent de sérieux problèmes
vis à vis des droits de l'homme. Sans vouloir reviser
les déclarations d'officiels allemands sur la question,
je conclus que le gouvernement allemand a de bonnes raisons
d'enquèter sur la scientologie dans son pays. Il a aussi
de bons motifs de s'inquiéter du bien-être des
citoyens allemands se trouvant dans les locaux de scientologie
aux Etats-Unis ou ailleurs. Je ne citerai que quelques uns
des documents m'ayant mené à ces conclusions,
certains étant accessibles sur nombre de sites Internet
de la "Toile".
La scientologie est-elle une
religion?
Pour nombre de mes collègues scientifiques
en sciences sociales du monde entier, le débat présent
entre USA et Allemagne tourne autour de la question de la religiosité de
la scientologie. Nombre de mes collègues ont examiné quelques documents scientologues et peut-être participé à quelques présentations
publiques scientologiques, pour conclure que la nature de la
scientologie est religieuse. Brian R. Wilson, un estimable
sociologue anglais des religions (b1926) a ainsi conclu "que
la scientologie devait en effet être considérée
comme une religion". (Wilson, 1990, 288). Il atteignit
cette conclusion après comparaison de la scientologie
avec les vingt caractéristiques qu'on trouve actuellement
au sein de ce qu'il nomme les "religions connues".
Il est significatif qu'il ait négligé ici de
mentionner les précédentes informations historiques
sur la Dianétique, qui se présentait comme "une
téhrapie du mental, et la Scientologie, comme une Science":
ces informations en main, Wilson insistait en disant "même
si l'on peut manifestement démontrer que la scientologie
a pris ce titre religieux pour se ranger légalement
sous la bannière religieuse, cela ne dit rien du système
de croyances lui-même, et c'est à lui que nous
nous intéressons en particulier." (Wilson,
1990, 282-283)
- Il est indubitable
que c'est pour cette raison que Wilson sera devenu le champion
soutenant
les prétentions
religieuses de la scientologie - voir aussi Wilson nd. 35
- et l'organisation se réfère à lui
comme "le plus grand sociologue au monde", étant
donné qu'il concluait que la scientologie ouvrait
la voie des religions du XXIe siècle, car elle offrait
des solutions pratiques aux problèmes des gens au
sein du monde réel" (Association Internationale
des Scientologues, 1995, 10). La scientologie utilise
aussi son opinion lorsqu'elle argue devant les tribunaux
avoir le droit de garder ses niveaux supérieurs au
secret. (Wilson, 1994, 11°.
En réalité, j'ai précisément
fait l'argumentaire négligé par Wilson. Dans
une étude du "Berliner Dialog" (Heft, 1-97)
traduite en allemand, ainsi que dans une seconde étude
que j'espère bientôt publier, je démontre
que L. Ron Hubbard, fondateur de la scientologie, prétendait à l'appelation
religieuse parce qu'il la considérait comme outil de
marketing destiné à faire de l'argent et d'éviter
les impôts (Kent, 1997b, 25ff; Miller, 1987, 199-203,
220) ainsi qu'un outil "permettant de réduire la
probabilité d'intervention gouvernementale face aux
allégations de pratique médicale sans licence" (Kent,
1996, 30). De plus, la scientologie nie sa réputation
religisuese prétendue lorsqu'elle tente de pénétrer
un pays pouvant réagir hostilement à son prosélytisme
(par exemple, le Japon et la Grèce (- Kent, 1997a, 18-19).
Il n'en reste pas moins que ces raisons historiques sous-jacentes
aux prétentions religieuses scientologues et sa
sélectivité lors du prosélytisme ne diminuent
pas la probabilité que des scientologues envisagent
leur engagement comme religieux.
Vu sous un aspect scientifique
social et probablement d'un point de vue légal, la vérité "objective" d'une
idéologie ne détermine pas pour autant la nature
religieuse d'un groupe. De simples croyances en des faits surnaturels
peuvent suffire à désigner une idéologie
comme religieuse, même si les origines ou les doctrines
de la croyance sont fortement suspectes. C'est ainsi qu'une
des figures de proue de la sociologie des religions, Maxime
Weber, se refuse à exclure les charlatans de ses considérations,
ajoutant "qu'un autre genre d'escroc pouvait être
représenté par Joseph Smith, fondateur des Mormons,
qui peut fort bien avoir été un escroc sophistiqué",
bien que cela ne puisse être strictement établi.
(Weber, 1968, 242). Observant similairement d'un point de vue
scientifique social, un système de croyances est religieux
s'il contient des éléments supposés surnaturels,
qu'ils soient exacts ou pas. Il est probable que l'escroquerie
sophistiquée d'Hubbard, contrairement à celle
de Joseph Smith, ait été dévoilée
par nombre de critiques (par exemple, Atack, 1990; Kent, 1996;
Miller, 1987) ayant démontré que la prétention
religieuse avait été affaire de commodité;
néanmoins, nombre de ses adeptes envisagent leurs existences
dans le contexte des doctrines qu'il a développées.
La scientologie
en tant que groupe multi-national à facettes multiples
Même en accordant à la scientologie
l'existence d'éléments surnaturels dans ses cosmologie
et sotériologie (en
dépit de l'historique suspect desdits éléments)ni
les gouvernements ni la société en général
ne devraient obligatoirement accorder
le statut religieux à la scientologie pour qu'elle en
reçoive les bénéfices sociaux. Plutôt
que savoir si la scientologie est ou n'est pas religion, j'ai
pensé qu'il était bien plus judicieux de l'envisager
comme un groupe multi-national à facettes multiples,
dont un unique élément est religieux. Tout aussi
importantes et coïncidant avec les prétentions
surnaturelles sont les aspirations politiques, l'opération
d'affaires commerciales, les productions culturelles, la pratique
pseudo-médicale, la pratique pseudo-psychiatrique, les
services sociaux (certains de qualité douteuse) et les
alternatives à la structure familiale. Il suffira de
quelques exemples pour chaque domaine, mais il en existe d'innombrables,
que ce soit au sein de la littérature scientologue ou
dans le comportement social de ses membres. L'aspect le plus évident
de l'affaire reste cependant l' usage de pouvoir totalitaire,
que certains qualifieront de faciste, qu'elle exerce pour maintenir
la cohésion dans l'organisation. Je présenterai
certains des aspects de l'usage totalitaire du pouvoir, ce
qui exposera bien que les bonnes raisons qu'avait le gouvernement
allemand d'entreprendre les étapes choisies sont la
seule façon de s'y prendre.
Politique:
Les aspirations politiques ont
pointé le nez à diverses époques durant
les bientôt 50 années d'existence de la scientologie,
l'organisation tentant de s'impliquer dans les structures politiques
de Rhodésie (1966), du Maroc (1972) et dans la ville
russe de Perm (où elle entraîna des officiels à l'idéologie
de Management Hubbardienne). Les observateurs se demandent
si l'entraînement scientologue d'officiels albanais n'a
pas eu d'incidences dans l'effondrement du pays (Kent, 1997a,
17-18).
Affaires:
On voit parfois les liens entre
aspirations politiques (Perm) et les programmes scientologiques
destiné à entraîner
des cadres d'entreprises, souvent dans des domaines liés à la
santé. La Scientologie, par l'intermédiaire du
WISE (World Institute of Scientology Enterprises) offre consultants
et programmes de management d'entreprises. Une publication
récente de WISE dira que "les membres de WISE forment
un réseau de consultants très entraînés à la
technologie de management d'Hubbard, pouvant fournir des programmes
d'entraînement taillés sur mesure au besoins des
entreprises". (WISE International, 1994b). Ces programmes
ont pour cibles divers clients dans diverses entreprises; en
Europe et ailleurs, l'une des plus connues est U-Man (voir
WISE International, 1994a). Pour toutes ces zônes pratiques,
la dimension scientologue devient alors séculaire, quoi
qu'en dise la scientologie.
Culture:
La scientologie dispose d'une
industrie complète ayant pour fonction la production et la dissémination
des écrits d'Hubbard et des matériaux idéologiques,
pour les membres ou pour les gens à l'extérieur.
C'est la Société BRIDGE Publications, propriété de
la scientologie, gérée par elle, et désormais
exempte d'impôts, qui produit un volume uniquement dédié à l'oeuvre
de Fiction chez Hubbard (Widder, 1994), où l'on parle de ses écrits ,
Westerns, romans d'aventure, contes policiers ou de mystère;
fantastique, science-fiction, scénarios - entre autres.
Il n'y est guère fait mention de ses écrits prétendûment
religieux. L'acteur et Officier de Relations Publiques Scientologue
Travolta travaille sur une version de l'oeuvre de science-fiction
hubbardienne nommée "Terre: Champ de Bataille" (Anderson,
1980, 3; Eglise de scientologie Internationale, 1994), pendant
qu'une équipe de producteurs hollywoodiens élabore
une version filmée tirée de "Vers les Etoiles" (Reuters,
1997).
Comme le suggèrent bien ces productions
cinématographiques, la scientologie est avide de projets
disséminant son idéologie grâce à des
moyens culturels de haute volée. L'un des aspects vitaux
de cet effort de dissémination cultive la conversion
et l'aide naturelle des stars, qui sont culturellement des
célébrités. Démarré dès
1955, le "Projet Hubbard des Célébrités" avait
pour cible ce qu'il appelait "les communicateurs primordiaux",
espérant que ceux-ci mentionneraient la scientologie
ici et là. (Hubbard, 1955). En 1992, il y avait 13 "Centre
des Célébrités" répartis dans
le monde. (Eglise de scientologie internationale, 1992, 353)
dont le but consiste à user pleinement des "leaders
d'opinion" et des scientologues pour pénétrer
la société et utiliser toute sorte de publics
différents qui se serviraient de tous les aspects de
la technologie de Hubbard. (Jentsch et Foster, 1977, 1). Cette
activité de l'organisation destinée à faire
que tout un chacun use de la soi-disant technologie d'Hubbard
a d'énormes implications civiles dans des sujets comme
l'organisation d'entreprises, les méthodes pour faire
de l'argent ou mesurer la progression des affaires. Elle peut
probablement aussi avoir des effets sur les systèmes
croyances au surnaturel, mais on comprend que les critiques
envisagent la participation des célébrités
scientologue dans la dissémination des buts scientologues
séculaires.
En plus de la publicité gratuite offerte à la
scientologie, les célébrités donnent aussi
des sommes importantes à l'organisation. Par exemple,
si la star scientologue Chick Corea avait reçu une aide
du Ministère de la Culture du Bade-Würtemberg pour
se produire lors d'un spectacle sponsorisé par l'état,
une partie des bénéfices aurait pu se retrouver
dans la poche de l'association Internationale des Scientologues
(IAS). Le but avoué de cette organisation consiste à "unir,
faire progresser, supporter et protéger la religion scientologique
en tous points du monde, afin de parvenir aux buts de la scientologie
tels qu'Hubbard les a fixés." (IAS, 1995, dos de
couverture). Dans l'un des magazines de l'IAS en 95, (église
de scientologie, Internationale, 1995, 8; Administration de l'IAS,
1995, 49, voir 60), Chick Corea et Kirstie Alley ont payé 100000
$ chacun. En comparaison, la contribution de 2000 $ de Travolta
peut paraitre minime (Celebrity Center, église de scientologie
internationale, 1996, 8; voir IAS 1995, 60). Les allemands seront
intéressés par le fait que cette organisation
a fourni des fonds à l'église de scientologie internationale
pour promouvoir une série d'articles anti-allemands dans
le New York Times et dans le Washington Post (ayant démarré sauf
erreur le 15 Septembre 1994). L'usage de productions culturelles
et de célébrités du domaine culturel sert
donc à disséminer tous les aspects de la soi-disant
technologie hubbardienne par le biais de relations publiques
et semble-t'il, de stratégies financières.
Pseudo-médecine
Jetons un oeil dans l'une des pratiques pseudo-médicales de la scientologie
- également liée ici au domaine des services sociaux, compte
tenu de son efficacité douteuse - : Narconon. Ce programme annonce être
en mesure d'expurger les résidus toxiques et les radiations nuisibles
du corps. Une publication scientologique de 1996 raconte l'histoire d'un vétéran
de la Guerre du Golfe souffrant du "syndrôme de la guerre du golfe",
arrivé pour prendre ce "programme de désintoxication...
se plaignant de désorientation, vertiges, pertes de mémoire,
douleurs musculaires et articulaires". Il n'avait plus ces symptômes
après le programme... TOUS les symptômes avaient COMPLETEMENT
disparu..." (église de scientologie internationale, 1996, 68).
Vous avez pu lire que récemment, ce programme avait été appliqué à des
enfants de Techernobyl souffrant d'effets de radiations (Bev, 1997).
Quelle que soit la formule de l'église pour vanter ces
résultats, il s'agit bel et bien d'offrir un service social
du domaine médical; or, les experts sont extrèmement
critiques du programme. En Oklahoma, un conseil spécialisé de
professionnels du domaine mental a déclaré en 1991
que " nous avons des preuves crédibles qu'en substance,
ce programme est inefficace et dangereux". (Conseil de Sante
Mentale, 1991, cité dans Lobsinger, 1991, 58).
Pseudo-psychiatrie
Autre aspect des prétentions pseudo-médicales:
les allégations pseudo-psychiatriques. Cela vaut la peine
d'étudier aussi la haine de la scientologie vis à vis
de la psychiatrie, car certains documents scientologues montrent
on ne peut plus nettement que le but social principal de la scientologie
est de détruire la psychiatrie et de la remplacer par
les techniques scientologiques. Par exemple, on trouve
dans un document confidentiel destiné aux services secrets
scientologues (connus sous le nom de OSA, Office des Affaires
Spéciales); (il n'est pas signé, mais il est certain
que l'auteur en est Hubbard lui-même). Un chapitre intitulé "La
Guerre", dont le texte dit : "Notre Guerre a été forcée
de se transformer en 'une conquète totale du domaine des
soins mentaux mondiaux sous toutes leurs formes." La phrase
suivante a d'importantes retombées sur le débat
'religion' : "Ce n'était pas le but originel. Le
but était de 'mettre la planète
au Clair' , les batailles subies ont indiqué que nous
avions un ennemi qu'il fallait balayer, et cela signifie la guerre.
(Hubbard, 1969, 5). La cible essentielle des efforts scientologiques
consiste à "prendre le domaine de la santé mentale",
donc, la psychiatrie. Et l'on trouve en effet plusieurs organisations
scientologiques , dont le Comité de Défense des
Droits de l'Homme (CCDH, CCHR), l'association Internationale
des scientologues et le magazine Freedom - 'Ethique et
Liberté' - très activement occupés à tenter
de parvenir au but "d'éducation de la psychiatrie".
(Weiland, 1990, 21).
L'un des aspects des efforts de la scientologie
pour éradiquer
la psychiatrie et la remplacer par ses techniques se rencontre
dans un des cours-programmes (dénommé en fait une
Procédure ou 'Rundown' chez eux), programme qui prétend
leur enseigner à soigner les crises psychotiques advenant
aux adeptes. Il s'agit de la "Procédure d'Introspection" supposée "manier
véritablement les conditions 'insolubles' pouvant piéger
une personne" - les crises de psychose. Et en finir à jamais
avec les causes ayant amené les 'psychs' à se
servir de 'pics à glace' et d'appareils à électrochocs." (Eglise
de scientologie, Organisation de Services de FLAG, 1992, 2).
Ce cours se baserait d'après Hubbard sur " ce qui
pourrait être l'une des découvertes essentielles
du vingtième siècle". La conséquence
de cette prétendue percée? "CELA SIGNIFIE
QUE LES RAISONS DE CONSERVER DES PSYCHIATRES ONT DISPARU".
(Hubbard, 1974, 346). Cette "percée" auto-proclamée suppose
l'isolation de la personne souffrant de la crise psychotique,
de ne pas lui parler, de lui donner certaines vitamines et minéraux,
de déterminer l'incident ayant déclenché la
crise, puis de lui administrer de longues et complexes séances
du conseil scientologique, les 'auditions', ces séances étant
ciblées sur l'incident qui aurait amené la crise
(Hubbard, 1974, 353).
C'est ce cours qui gravite au coeur d'une
controverse à propos
de la mort de la scientologue Lisa Mc Pherson à Clearwater,
Floride, le 5 Décembre 1995. Ayant eu un accident de voiture
sans gravité, Mlle Mc Pherson eût un comportement étrange:
elle se déshabilla dans la rue, le regard fixe, exhibant
confusion et perte de mémoire, pleurant. En dépit
de l'avis des médecins, elle demanda à quitter
l'hopital pour se faire soigner par ses collègues scientologues
qui l'emmenèrent à l'Hotel Fort Harrison de l'organisation.
Dix-sept jours plus tard, les scientologues l'amenèrent
au service d'urgences d'un hopital éloigné, où un
médecin scientologue la déclara morte. L'enquète
de la police continue sur le sujet, mais la succession Mc Pherson
accuse la scientologie "d'avoir laissé Mc Pherson
languir dans le coma, sans la nourrir ni lui donner à boire,
alors qu'elle subissait l'isolation du programme de la Procédure
d'Introspection". (Tobin, 1997, 12A). C'est dans ce contexte
qu'un avocat scientologue admit: "la Procédure d'Introspection
continue à faire partie des 'services de l'église'
(Tobin, 1997, 12A). Les scientologues pratiquent donc indubitablement
une pseudo-psychiatrie; le procès consécutif à cette
affaire pourra donc établir à quel point ces pratiques
peuvent présenter des conséquences potentiellement
fatales.
Scientologie, alternative à la
structure familiale ?
La scientologie est en fin de compte une
alternative à la
structure familiale, au moins en ce qui concerne ses membres
les plus dévoués, rassemblés dans la structure
connue sous le terme de "Sea Org" (organisation maritime).
La scientologie décrit : "la Sea Org est une organisation
confraternelle existant au sein de la structure des églises
de scientologie. Elle est constituée de ses membres les
plus dévoués qui s'engagent pour le service." (Eglise
de scientologie de Californie, 1978, 205). (L'organisation n'indique
pas que ces membres signent un contrat d'un milliard d'années).
Plusieurs indices montrent que la scientologie a élaboré la
Sea Org sur des bases détructrices des relations parentales,
voire du bien-être des enfants. Conceptuellement, la Sea
Org devient la nouvelle famille, souvent au détriment
des époux et des enfants.
On trouve des preuves de dégâts provoqués
par des parents à leurs enfants au sein de la Sea Org
dans un article paru dans l'un des principaux quotidiens d'une
ville de Floride où le QG scientologue de "Flag" est
situé. Le St Petersburg Times a publié un
long article en 1991, intitulé "Les enfants en Scientologie";
on y lit un extrait concernant une mère allemande et son
fils:
- Eva Kleinberg a déménagé d'Allemagne
pour Clearwater avec son fils de 9 ans, Mark, en 1986. Elle
y a rejoint un groupe de membres scientologues dénommé la "Sea
Org".
- On lui avait dit qu'elle
aurait deux heures par jour pour s'occuper de sa famille.
Mais son trajet pour
aller au travail
a réduit cela d'une heure. Travaillant douze heures
par jour, elle ne pouvait même pas rester éveillée
l'heure entière.
- "Je m'arrangeais comme je pouvais avec mon fils, dit-elle;
après le repas, je jouais un quart d'heure avec
lui, puis je me reposais un quart d'heure, je dormais."
- Quand Eva était au travail, Mark faisait le ménage
dans le Motel, ou jouait avec des copains.
- Un an plus tard, elle avait
quitté l'église.
- Quand on demande maintenant à Mark ce qu'il pense
de la scientologie, il répond: "je ne crois pas
que ce soit des gens bien; ils ne passent pas de temps avec
leurs enfants, et c'est vraiment cher".
- Le porte-parole scientologue
Richard Haworth prétend
que les staffs scientologues passent trois heures par jour
avec leurs enfants, ajoutant que les parents non-scientologues
en passent moins que ça." (Krueger, 1991,
12a)
Je crois plutôt le récit de Kleinberg que celui
du porte-parole scientologue, car j'ai entendu ces mêmes
reproches lors d'un entretien avec un ancien membre de la Sea
Org en Décembre 1987. A Flag, en Floride, les petits restent
toute la journée dans une crèche scientologue alors
que leurs parents travaillent; les parents rentrent généralement
vers 18h, passent une heure et demie avec les petits, les ramènent à la
crèche pour les mettre au lit à 19h30, et retournent
au travail en bus; ils en repartent vers 22h30 ou plus tard;
le matin, ils habillent leurs petits à 7h30, déjeûnent
avec eux et les emmènent à la crèche, pour
prendre le bus à 7h50. L'informateur signalait qu'il
arrivait que des parents ne viennent pas voir leurs enfants deux
ou trois jours d'affilée: ils avaient travaillé toute
la nuit." (Entretien Kent avec Fern, 1987, 43-44).
Le récit de Kleinberg sonne juste quand on le rapproche
des certains documents internes de la scientologie publiés
dans la "Zône de Commandement du Pacifique" (Los
Angeles) dès les débuts 1989. Ces mémos
sont centrés sur une "Directive de l'Executif" émise
par l'Officier Commandant, qui "abolit l'heure consacrée
le soir à la famille". Il citait deux motifs à cet
abandon: "une recherche approfondie a révélé qu'aucun
document de LRH - Hubbard - ne permettait que les membres de
la Sae Org consacrent une heure par jour à leur famille
et ajoutait qu'une telle interruption durant les heures de travail
avait des conséquences sur la productivité." Il était
donc demandé de faire une heure de plus chaque jour pour
augmenter la production et "obtenir un jour libre tous les
quinze jours". (Gouessan, 1989; Shapiro 1989)
Plusieurs parents ont protesté et leurs protestations
en disent long: une personne demanda formellement "comment
peut-on garder le contact avec ses enfants sans même passer
une heure par jour avec eux? J'ai OBSERVE des staffs distraits
parce qu'ils ne s'occupaient pas de leurs enfants; ce temps de
distraction peut très bien servir à s'occuper d'eux." (Swartz,
1989). Une autre personne citait un extrait d'une conférence
enregistrée d'Hubbard, où l'on entendait le fondateur
de la scientologie se plaindre d'une chose qu'il avait pu voir
(et qui a bel et bien existé dans la zône de commandement
du Pacifique): "J'aimerais que quelqu'un me dise pourquoi
nous sommes toujours contraints de FORCER les parents à voir
leurs enfants qu'ils n'ont pas vus depuis des semaines?" (Hubbard,
transcrit d'une bande de cours réf. CS & Pers. Comm,
22 Sept 73, jointe à Shapiro, 1989). Cette même
personne admettait dans sa lettre de protestation que "depuis
19 ans qu'elle était dans la Sea Org au sein de la zône
de commandement Pacifique, elle avait constaté que cette
négligence de certains parents avait provoqué plusieurs
bouleversements importants, récits dans les médias
et directives internes; les réactions indiquaient que
le temps passé par les parents à s'occuper de leurs
enfants était fortement diminué, voire annulé par
des pressions exercées par l'organisation et par
la charge de travail imposée aux membres de la Sea Org. Il
semblerait que la scientologie devienne parfois pour ses membres une
espèce de d'alternative à la structure familiale
(Voir Cartwright et Kent, 1992, 348, 349) car elle exige plus
de temps et de dévotion que les enfants.
La nouvelle famille à laquelle les membres de la Sea
Org vouent leurs existences paraît parfois placer les enfants
dans des situations médicalement dangereuses. Cette famille
virtuelle peut ne pas exercer ses responsabilités médicales.
L'informateur que j'ai interviewé en 1978 s'est par exemple
plaint "des conditions ignobles des crèches".
Elle disait que dans une seule chambre, il y avait quelque chose
comme seize gosses de moins d'un an , gardés tour à tour
par trois filles qui passaient de temps en temps voir ces bébés".
(Kent avec Fern, 1987, 48). Les enfants avaient donc des ennuis
de santé (selon Fern) parce qu'il n'y avait pas de possibilité de
les séparer en cas de maladie; les infections habituelles
des enfants (otites, par ex.) s'étendaient très
vite à tous les petits et duraient longtemps. Pour preuve,
elle me montra les dossiers médicaux du petit pendant
et après ce régime de crèche: son gosse
avait passé dix-sept fois chez le médecin en huit
mois de crèche scientologique , contre 4 visites au cours
des vingt-neuf mois hors de la crèche (Entretein Kent
avec Fern, 1987, 40-50).
Les chercheurs doivent se méfier en acceptant les récits
d'une seule personne, mais j'en ai entendu de semblables à plusieurs
reprises en provenance de l'autre côté du continent, à Los
Angeles. La personne qui m'a informé avait visité le
local des gosses (que la scientologie nomme l'Org des Cadets)
fin 70 ou début 80, et y rencontra un enfant d'une personne
qu'elle connaissait. Elle dit:
"cette gosse était très, très malade; elle trempait
dans sa couche pleine d'urine, elle était quasiment transparente, avec
des tas de mouches et de moustiques sur elle, elle avait des quantités
de mucus lui bouchant carrément les yeux et les narines, et moi,
je me suis fait des reproches." (Entretien de Kent avec Pat, 1997,
34).
C'est après avoir vu cette négligence envers les
enfants qu'elle a comploté son départ de l'organisation.
Le dernier exemple de mauvais traîtements à enfants
provient d'un rapport expédié par l'officier commandant
les locaux de l'organisation des Cadets fin Octobre 1989, au
sujet de l'hygiène de trois enfants de 4, 8 et 10 ou 11
ans. Deux d'entre eux avaient des poux, parfois récurrents.
Une des leurs gardiennes s'en occupait, "mais on l'expédiait
souvent en mission", c'est à dire que l'organisation
lui donnait d'autres tâches; le rapport continuait en disant "pendant
qu'elle est en mission, c'est un autre staff qui s'occuppe d'eux
puisqu'il est tout près; on ramenait le petit le matin,
les deux autres rentrant seuls à l'org des cadets. Les
enfants s'habillaient seuls, et nous ignorons qui entretenait
leurs vètements" (Gabriele, 1989, 1). Nous nous devons
d'interpréter prudemment les possibilités de négligence
ou mise en danger envers enfants, aucun d'eux n'étant
récent. il y a néanmoins assez d'indices que les
officiels américains ou d'ailleurs pourraient examiner
en relation avec le traîtement des enfants de la Sea Org.
En raison du fait qu'il semble que les enfants
sont considérés
comme des fardeaux par les dirigeants de la Sea Org, les chercheurs
ne devront pas être étonnés d'apprendre qu'il
existe des pressions de la Sea Org sur ses adeptes femmes afin
qu'elles avortent ou abandonnent leurs enfants au système
d'adoption. Mon informatrice de 1987 m'a dit que la Sea Org opérait à bord
des bateaux vers 75, et que les filles savaient que les enfants étaient
interdits à bord. On les poussait donc à se faire
avorter. Elle m'a dit "sur le bateau, j'en connais des tas
qui ont avorté, car elles ne voulaient pas aller à terre;
ce n'est pas comme si on leur avait dit "tu dois avorter",
c'était plutôt le fait des implications: 'si tu
veux rester, tu avortes.' (Kent avec fern, 1989, 41-42). Des
années après, j'ai rencontré les mêmes
pressions décrites dans une déclaration en justice
de Mary Tabayoyon, qui entra en scientologie en 1967, passa à la
Sea Org en 71, et y resta jusqu'en 1992. Elle déclare
qu'en 1986, à la base scientologue d'Hemet, Californie, "on
interdisait aux femmes d'avoir des enfants si elles voulaient
rester à leur poste; ... et l'on appliquait la technologie
d'Hubbard pour les convaincre de se faire avorter afin de rester
en poste". (Mary
Tabayoyon, 1994, 2 - 62KOs) . La pression provenait en partie de ce que la scientologie
nomme le "maniement éthique", qui consiste à pressurer
les gens pour qu'ils se conforment aux règlements hubbardiens
et aux directives de l'organisation. (Mary Tabayoyon, 1994, 4).
Tabayoyon abandonna son enfant du fait "de mes obligations
irréfléchies et de mon dévouement à la
Sea Org". Elle se fit avorter après avoir "appris à ne
jamais faire passer ses désirs personnels avant l'accomplissement
du but de la Sea Org". (même réf, 5).
Considérés ensemble, les entretiens, déclarations
en justice, récits des médias et documents internes
dévoilent des aspects troublants dans l'existence des
membres scientologues les plus dévoués. Les obligations
de la Sea Org surpassent généralement les obligations
et responsabilités personnelles et familiales, le dévouement à la
cause scientologique prenant souvent le pas sur les besoins des
enfants. Ce sont les récits de ce que certains enfants
ou adolescents ont dû endurer qui demeurent les plus troublants,
ainsi que ce que subirent les adultes de la Sea Org: contraintes
de travaux forcés et programmes de ré-endoctrinement.
Alors que plusieurs programmes de ce genre ont vu le jour en
scientologie au cours des décennies, l'un des plus violents
toujours existant s'appelle le RPF, "Projet Force de Réhabilitation".
Le Projet
Force de Réhabilitation
: Travaux forcés et ré-endoctrinement
Lorsque des membres de la Sea Org commettent
ce que l'organisation considère être des "déviations graves" (du
style grandes réactions spéciales à l'électromètre,
performances insuffisantes sur poste, ou troubles dans le travail
- y compris la critique d'officiels supérieurs,) il
y a de fortes chances pour qu'ils aboutissent sur le RPF. Le
simple fait de discuter des règlements et techniques d'Hubbard
en utilisant les concepts plutôt que les termes mêmes
de l'auteur s'appelle 'tech verbale' , un acte qui peut être
puni. (Hubbard, 1976, 546). Le RPF démarra en 1974, alors
que l'organisation opérait encore en mer, mais il marche
désormais en plusieurs points du monde. Les RPFs actuels
opèrent à Hemet (Californie), au "Cèdres" à Los
Angeles, dans les bâtiments de Clearwater - Floride, et
aux QG anglais de la scientologie à East Grinstead, Sussex.
Je ne peux confirmer l'existence de RPF près de Copehnague,
Johannesburg ou Sydney, ou dans d'autres locaux scientologues
américains.
Résumé en une phrase, le programme du RPF envoie
les membres les plus dévoués de la scientologie
dans des camps de travaux forcés et rééducation.
Leur fonctionnement soulève de multiples questions sérieuses
vis à vis des droits de l'homme, et le fait qu'ils perdurent
démontre à quel point les nations qui les abritent
négligent de les surveiller. C'est surtout les Etats-Unis
et les autorités fédérales qui méritent
d'être montrés du doigt, puisqu'il en existe au
moins trois sur leur sol. Le Fisc américain (IRS) a de
surcroît accordé l'exemption d'impôts à la
scientologie en dépit des conditions illégales
dans lesquelles les internés du RPF travaillent, étudient
et vivent. Il existe quantité d'informations accessibles
dans des procès aux Etats-Unis depuis des décennies,
et cette information est désormais facilement accessible
sur l'Internet mondial. Les officiels allemands connaissent
son existence et il est plus que probable que la conscience qu'ils
en avaient a joué un rôle primordial dans leur refus
continuel face à l'organisation scientologique.
Se faire expédier au RPF est une expérience traumatique
pour la plupart des gens. Sur le plan de la procédure,
les personnes sont supposées se faire entendre dans ce
qu'ils appellent un "Comité d'Evidence" qui
permet d'évaluer l'efficacité et l'attitude de
la personne. Un ancien membre décrit ceci comme
un "procès scientologique" au cours duquel les
membres du Comité (des collègues) agissent en tant
que juges d'instruction, juges et jurés, le tout mèlé." (Atack,
1990, 306). Les comités obtiennent parfois les preuves
contre la personne grâce aux "vérifications
de sécurité" (SEC CHECKS) - (voir entretien
Kent avec Young, 1994, 49), vérifications que l'organisation
présente comme "Processus d'intégrité" ou "audition
de confessionnal"; il s'agit plutôt d'une sorte d'interrogatoire
(Atack, 1990, 147). En fait, Hubbard écrivit en 1960 une
lettre de règlements titrée "Interrogatoire" sur
la manière d'utiliser l'électromètre comme
outil d'interrogatoire plutôt qu'en tant que l'outil d'aide
au conseil spirituel décrit à l'extérieur
par l'organisation . (Hubbard, 1960).
Hubbard utilisa ses vérifications de sécurité sur
ses adeptes depuis 1959, mais la plus célèbre de
ces vérifications est probablement "la vérification
de sécurité de Johannesburg", du 7 Avril 1961.
Il s'agit de plus de cent questions dont l'essentiel a trait à une
participation présente ou passée à une large
variété d'actes criminels ou pervers incluant espionnage,
kidnapping, meurtres, drogues, sexe, et communisme. (Atack, 1990,
147). Les plus révélatrices sont pourtant
celles qui demandent aux gens de parler de leurs idées
sur Hubbard, sa femme Mary Sue; il s'agit en particulier de "As-tu
jamais pensé du mal de L. Ron Hubbard?" "As-tu
jamais pensé à critiquer Mary Sue Hubbard?".Non
seulement les adeptes devaient révéler des actes
réellement graves, mais ils se trouvent contraints à parler
de leurs critiques sur Hubbard et sa femme. Un ancien membre,
Robert Vaughn Young, a dit avoir été questionné ainsi
pendant des heures, une quinzaine de jours d'affilée.
(Entretien de Kent avec Young, 1994, 50).
Le "sec check" se présenta aussi sous une forme
encore plus violente: le "gang bang sec check", processus
qui tire son appelation du viol en réunion (gang bang
est l'argot de ce concept de viol en groupe). Ces gang-bang sec-checks
sont basés sur deux ou trois interrogatoires au cours
desquels on pose très vite les questions en hurlant sur
la victime, laquelle est reliée à l'électromètre.
On trouve une rapide description de cette pratique dans un témougnage
sous serment en justice, par l'ancienne membre Stacy Brooks Young.
Elle déclara qu'après avoir protesté à plusieurs
reprises contre les traîtements infligés aux staffs
par l'actuel dirigeant de la scientologie Miscavige, celui-ci
l'expédia au RPF en Septembre 1982 (Stacy Young, 1994,
8, 65), Miscavige ayant spécifiquement appris que Young
avait réagi en disant que ses hurlements montraient sa
brutalité et sa nature tyrannique. (S. Young, 1994,
65). En réponse, Miscavige:
- Ordonna que je subisse un "gang bang sec check":
deux gros balaises m'enfermèrent dans une pièce
et m'interrogèrent des heures durant; ils me hurlaient
dessus, m'injuriaent, m'accusaient de crimes contre la scientologie,
et me demandaient de confesser que j'étais un
agent ennemi. (S.Young, 1994, 66)
- Elle se retrouva très vite au "programme de course
du RPF", durant lequel "elle dût courir autour
d'un poteau orange pendant douze heures par jour." (même
réf).
Quand les Comités d'Evidence trouve qu'un membre est
coupable de 'crimes sérieux', il finit très souvent
au RPF. On n'envoie pas ces gens pour une période
prédéfinie, mais jusqu'à ce qu'ils aient
terminé un programme très dur de labeur physique,
où leurs supérieurs les abusent oralement,
où ils sont isolés socialement, reçoivent
d'intenses vérifications de sécurité et
co-audition, et où ils étudient les règles
et techniques d'Hubbard.
Une série de règles du programme apparut en Janvier
1974, lorsqu'Hubbard vivait à bord d'un navire, et certaines
versions ont pu quitter l'organisation. L'un de ces documents
anciens révèle la nature totalitaire du programme;
on y lit que "A/ un membre du RPF est un membre du RPF et
rien d'autre, jusqu'à sa libération; (Walker et
Webb, 1977, 3). Une partie du programme consiste en travaux
physiques très durs, par exemple construction de structures,
nettoyage, rénovations, ordures, et déménagements.
Ce genre de projets se fait dix heures par jour, car les membres
sont supposés "dormir environ sept heures, étudier
et auditer 5 heures, 1/2 heure par repas, 1/2 heure pour l'hygiène
personnelle" (Walker et Webb, 1977, #4). Ils portent des
bleus de travail , n'ont pas le droit de parler aux autres personnes
hors du RPF, mangent et dorment dans des locaux séparés
des autres membres de la Sea Org (même réf, 10).
Ils sont obligés de courir, où qu'ils aillent,
et sont souvent punis par des distances supplémentaires
de course - généralement des tours du pont du bateau
ou autour d'un piquet à terre, souvent en pleine chaleur
(Pignotti, 1997, 18-19; Kent avec Pignotti, 1997, 22; S. Young,
1994, 66). Diverses restrictions sévères existent
pour les visites des époux et des enfants. (Walker et
Webb, 1977, 10).
Les récits d'anciens du RPF indiquent qu'il peut être
excessivement dur, pénible, dégradant et abusif.
On sait qu'il peut exister des variantes selon l'endroit où le
RPF a lieu, mais le récit d'Hana Whitfield au sujet du
RPF à l'Hotel Fort Harrison de Clearwater en Floride contient
la plupart des éléments d'autres récits
que j'ai lus.
"Certains dormaient sur de minces matelas à même le sol cimenté.
Certains avaient des couchettes de bois brut. Pas de place pour les habits, qu'on
laissait dans des sacs à même le sol. Hommes et femmes disposaient
de toilettes et salles d'eaux séparées, mais minuscules; les douches
ne doivent pas durer plus de trente secondes: juste le temps d'entrer et sortir. Pas
de temps de récréation ni de bavardage. On se réveillait à 6h30
du matin ou plus tôt dans certains cas, on travaillait dur - constructions
et autres nettoyages- jusqu'au soir; douche rapide et changer d'habits, il fallait
nous auditer et nous "réhabiliter" jusque vers 22h30 ou plus
tard, chaque soir. Pas de jour de repos, pas d'interruptions. Nous mangions dans
le garage, parfois dans les réfectoires, mais APRES que les autres aient
fini. On nous donnait les restes du staff. Parfois, par exemple à Noël,
on nous laissait préparer nos repas parce qu'il ne restait pas assez
de restes. (Whitfield, 1989, 7-8).
Il existe une description similaire mais
plus passionnée
du RPF au Fort Harrison, qu'une femme au pseudonyme de Néfertiti
(1997) a fait; elle correspond aussi à dix autres récits
d'autres anciens scientologues au RPF soit à Flag, soit à bord
de deux bateaux scientologues, soit dans la zône de commandement
Pacifique à Hemet et Happy Valley, en Californie.
Il est évident que la quantité de travil exigée
des membres du RPF varie selon l'endroit et les circonstances,
mais dans certains cas les conditions deviennent incroyablement
atroces. "Pat" indique par exemple avoir dû travailler
par périodes de trente heures d'affilée au RPF
californien (entretien de Kent avec Pat, 1997, 25). Son "équipe
de RPF" commençait à travailler le matin et
passait toute la nuit, jusqu'au moment où les trente heures étaient
atteintes, puis ils allaient dormir". (même réf.
1997, 25)
La description la plus complète provient de la
déclaration sous serment en justice concernant le RPF
d'Hemet, Californie, de la part de l'ancien membre André Tabayoyon
(1994). Les commentaires du Ministre de l'Intérieur Bavarois,
le DR Gunther Beckstein, montrent qu'il connaissait cette déclaration.
Tabayoyon indique avoir passé six ans au RPF en 21 au
sein de l'organisation. (Tabayoyon, 1994, 7 et 8). Lorsqu'il
se trouvait au RPF des Cèdres à Los Angeles, il
dit" avoir dormi sur une des tables de la morgue".
A Hemet, il fut envoyé "dormir dans le poulailler
qui puait encore la fiente". (même réf. 1994
18 et entretien de Kent avec Youngn 1994, 20).
Tandis que tous les récits du RPF parlent de gardiens
postés pour empècher les gens de filer, Tabayoyon
indique que les gardes de Gilman Hot Springs (où vivaient
et travaillaient le RPF) étaient armés (même
réf; 25); en effet, c'est lui qui aida à construire
le système de sécurité de l'endroit, y compris
une cloture complète, des barrières ultra-coupantes,
l'éclairage de nuit, les moniteurs électroniques
, microphones cachés, senseurs au sol et hors sol, caméras
cachées etc." Il entraîna de surcroît
les gardes à user de la force, et d'armes dont il dit "qu'elles
ont été payées par des sommes non comptabilisées
de l'église" (même réf, 15, 16).
Cet ensemble - que l'on appelle parfois "GOLD" ou
Hemet) est à moins de deux heures en voiture de Los Angeles
et d'Hollywood ; plusieurs des bâtiments de cette propréiété sont
apparamment réservés aux stars scientologues. Une
partie du travail consacré à bâtir un appartement
pour la star scientologue Tom Cruise provient du RPF (Tabayoyon,
1994, 53). Comme dit Tabayoyon: "utiliser des membres
du RPF pour rénover et reconstruire l'appartement exclusivement
destiné à Tom Cruise à la base scientologique
de Gold revient à utiliser du travail d'esclaves au bénéfice
de Tom Cruise" (même réf, 53). Lors d'un incident,
l'appartement de Cruise ayant été endommagé par
une coulée de boue, "les prisonniers esclaves du
RPF durent travailler presque nuit et jour pour réparer
les dégâts".(même réf).
Il y a plus extrème que le RPF:
c'est le RPF du RPF, institution que même les dictionnaires
scientologues décrivent. D'après la définition,
c'est un type qui avait trouvé "amusant" le
RPF qu'Hubbard y a expédié le premier. (Hubbard,
1976, 451). Certains récits suggèrent toutefois
que ceux qui ne font pas assez bien sur le RPF finissent
sur ce programme extréme.
Hubbard a succinctement décrit dix
restrictions s'appliquant au RPF du RPF, par rapport au RPF:
- isolation des autres membres
du RPF en ce qui concerne le travail, la nourriture, le
repos, les rassemblements,
et autres
activités communes.
- pas de salaire
- pas d'entraînement
(cours)
- pas d'audition
- ne peuvent travailler qu'aux "boites à boue" en
salle des machines. Ne peuvent travailler avec les autres (les
boites à boue sont les endroits où les boues
sont triées des eaux d'écoulement)
- (Hubbard 1976, 341)
- Six heures de sommeil maximum.
André Tabayoyon y a passé dix-neuf jours et résume
le programme en ces termes: "destiné à détruire
complètement tout auto-déterminisme chez ceux qui
ne veulent pas faire le RPF" (A. Tabayoyon, 1994, 9).
Les récits d'autres membres qui y sont passés
ou d'internes du programme sont effrayants et renforcent le résumé de
Tabayoyon. Monica Pignotti qui y passa 5 jours en 1975 dit ceci:
"J'étais alors en complète dépression, je pleurais
tout le temps et je suis sûre que dans mon état, j'aurais dû être
hospitalisée; n'importe quel professionel de la santé mentale aurait
vu immédiatement que j'étais très très déprimée.
Mais ils m'ont expédiée au RPF du RPF, j'ai du descendre au trou
pour nettoyer les boues et la saleté, de quatre heures du matin jusqu'au
soir: j'avais alors le droit de manger un bout, et de redescendre là-bas
nettoyer tout ça, puis repeindre, peindre, peindre... Le chef du RPF du
RPF faisait écrire des essais aux prisonniers jusqu'à ce qu'ils
disent ce que le groupe voulait leur entendre dire; c'est comme ça que
j'ai carrément craqué; j'étais dans cet état de complète---
où on ne ressent plus rien du tout ensuite. Complètement anéantie,
j'aurais fait n'importe quoi, sans me rebiffer, après cette expérience
du RPF du RPF. J'ai arrèté de me rebiffer un bon moment.
(Entretien de Kent avec Pignotti 1997, 26, voir Pignotti, 1989, 28-29). "
Nefertiti signale avoir rencontré une femme enchaînée
dans les sous-sols du Fort Harrison "dans les trente ans,
les chevilles enchaînées ensemble" (Néfertiti,
1997, 3). Et Dennis Erlich dit avoir été enfermé dans
une cage grillagée avec un garde à la porte dans
les sous-sols du même Hotel Fort Harrison (entretien de
Kent avec Erlich, 1997, 8).
Il faut ajouter une chose encore sur le RPF
et le RPF du RPF: les enfants. Il y a des preuves que même
des enfants le subissent. Monica Pignotti rapporte par exemple
avoir eu comme
compagne au RPF une fillette de douze ans (entretien de Kent
avec Pignotti, 1997, 30); un message sur le forum "alt.religion.scientology" de
Steve Jebson dit qu'il "a vu des enfants sur le RPF
aussi bien que sur le RPF du RPF". (Jebson, 1997, 1). On
trouve aussi, dans un document assez mal photocopié de
la zône de commandement Pacifique et daté d'environ
1989, une note parlant "de la nécessité de
reprendre le RPF pour les enfants". (Cohee, nd).
Point n'est vraiment besoin de signaler que
ces programmes sont du lavage de cerveau. La scientologie les
fait tourner pour casser
la volonté de ses membres les plus dévoués, corriger
leurs déviations, et les rebâtir avec une personnalité entièrement
moulée aux besoins de l'organisation. Ceci démontre
aussi la personnalité étrange d'Hubbard. Je suis
tout à fait conscient du fait que plusieurs de mes collègues
insistent pour que le terme controversé de lavage de cerveau
soit restreint aux seules situations impliquant mauvais
traîtements phyisques et incarcération (Anthony,
1990, 304). Ces deux programmes, RPF et RPF du RPF, possèdent
ces critères. Ils utilisent aussi les confessions forcées,
la fatigue phyisque, l'endoctrinement intense par l'étude
continue des préceptes du patron, l'humiliation et la
terreur. Les personnes connaissant un peu l'historique de la
scientologie ne seront donc pas surprises d'apprendre qu'Hubbard
ait insisté sur le lavage de cerveau dès 1955,
puisqu'il est certainement l'auteur d'un manuel de lavage de
cerveau publié par la scientologie.
Lavage de cerveau
Le manuel que distribuait la scientologie portait le titre de "Lavage
de Cerveau - une synthèse des manuels russes de psychopolitique" (Hubbard?
1955). C'est censé être une conférence de l'espion russe
célèbre Lavrenti Beria; mais Morris Kominski a démontré qu'il
s'agissait d'un faux (1970; Kominski). Comme il le dit, une bonne partie du
manuel n'est qu'attaque vicieuse contre les sciences de la psychologie et de
la psychiatrie ainsi que contre tout le mouvement légitime s'occupant
de santé mentale. (Kominski, 1970, 358). Les attaques du même
type demeurent un des éléments centraux des activités
civiles de la scientologie; l'un des anciens membres devenus critiques a très
certainement raison lorsqu'il dit "que cet ouvrage est assurément
l'oeuvre secrète de Hubbard en 1955, et il a tout à fait raison
d'ajouter qu'Hubbard a incorporé ces méthodes dans l'organisation
vers 1965 et ensuite. (Corydon, 1996, 107). On pense automatiquement au RPF,
mais on sait qu'Hubbard ordonna que les membres du "GO" (services
secrets de la secte, ndt) le lisent. (Anonyme, 1974).
Un des chapitres du manuel sur le lavage
de cerveau sert remarquablement à comprendre
les tactiques actuelles de la scientologie à l'encontre
du gouvernement allemand. L'organisation s'en prend aux caractères
nationaux du pays; elle tente continuellement de décrire
(par exemple, dans son magazine Freedom, 1996?) les évènements
actuels à la lumière de ceux des années
30; son effort pour discréditer l'actuel gouvernement
allemand en le comparant au nazisme et en accusant les églises
allemandes de s'en prendre à la scientologie de peur de
perdre leurs membres (Eglise de scientologie internationale,
1997, 101); tout cela resemble fort à ce qu'on trouve
dans les tactiques conseillées par le manuel de lavage
de cerveau.
Je vais faire une lecture des passages incriminés, en
pratiquant des substitutions de mots similaires à celles
qu'on trouve dans le rapport remis par Kevin Anderson au Gouvernement
australien en 1965 (Anderson, 1965, 198-199). Ce faisant, Anderson
démontrait de façon éclatante ce qu'il avait
avancé: "une grande partie du manuel est presque
une photocopie claire de la propagation de la scientologie (Anderson,
1965, 84)? Lorsque le manuel dit "psychopolitique" lisez "scientologique",
je remplacerai aussi "membre du parti communiste" par "Membres
de la Sea Org". Ces substitutions présentes à l'esprit,
je vous cite maintenant des extraits du chapitre 8: "Dégradation,
Choc et Endurance".
La diffamation est la meilleure arme
des [scientologues] en général.
On doit systématiquement obtenir la dégradation des chefs des
nations, des institutions nationales, des pratiques nationales et des héros
nationaux: c'est la fonction principale de la [Sea Org] en général,
pas des [scientologues].
.....
Tous les officiels du gouvernement, étudiants, lecteurs, ceux qui s'occupent
des loisirs doivent être endoctrinés par tous moyens possibles
afin qu'ils acceptent complètement la croyance en ceci: les chefs naturels
et ambitieux ne sont pas en correspondance avec l'environnement, et seul le
recours aux [scientologues] opérants peut remédier à cet
inajustement.
En dégradant ainsi la croyance dans le statut de
l'homme, il devient relativement facile - en utilisant la
coopération des acteurs économiques du pays
- de diviser les citoyens et de les faire douter de la sagesse
de leur propre gouvernement, ce qui les conduira à demander
activement leur propre mise en esclavage.
.....
Etant donné qu'il semble qu'au sein des nations étrangères
l'église soit considérée comme la plus noble influence,
chaque branche et activité de chacune des églises doit être
discréditée d'une façon ou d'une autre... il ne resterait
ainsi plus de foi en elles, et le pouvoir de celles-ci doit être universellement
annulé.
Le [scientologue]
opérant, lors de son programme
de dégradation, devrait à chaque instant mettre
en doute toute famille profondément religieuse, et
montrer du doigt la relation possible entre une quelconque
névrose ou folie possible dans cette famille, et sa
pratique religieuse. Les gens profondément religieux
seraient ainsi graduellement déresponsabilisés
de leur propre santé mentale, et de plus en plus relégués
entre les mains des [scientologues] opérants.
Grâce à cette perversion des institutions d'une
nation, en interférant avec son économie jusqu'à obtenir
un degré de privation et une dépression, il
ne restera plus qu'à provoquer quelques chocs mineurs
sur la population dans son ensemble, pour obtenir une obéissance
aveugle ou une hystérie. (Hubbard, 1955, 43-44).
Il suffit donc de fort peu d'imagination pour discerner que
le manuel de lavage de cerveau paraisse fournir un plan de bataille
scientologue contre l'Allemagne.
Par exemple, grâce à d'innombrables publications
comme le magazine Freedom (en France, Ethique et Liberté),
les membres scientologues opérants de la Sea Org et d'autres
scientologues produisent un barrage de matériel permettant
de dénigrer la nation et ses chefs. Les scientologues
allemands sont désormais en mesure d'étiqueter
les leaders politiques comme "violant les Droits de l'Homme",
en partie grâce à la critique exacerbée par
le Ministère des Affaires Extérieures Américain
face aux tentatives du pays pour faire plier l'organisation et
faire boycotter des films tournés par des stars scientologues
(Lippmann, 1997). Sur le front économique, les critiques
anti-scientologues peuvent penser que les ennuis du marché immobilier
Hambourgeois sont preuves des tentatives scientologues pour créer
auprès des loueurs d'appartements ce que le manuel de
lavage de cerveau nomme "privation et dépression".
Les scientologues semblent avoir acheté des propriétés à louer
et les avoir immédiatement transformés en coopératives. [(??)]
Peter Lendmann, président de la branche Hambourgeoise de l'association
des agents immobiliers a dit au New York Time que ces scientologues utilisaient
des "méthodes douteuses pour effrayer et forcer les loueurs à racheter à prix
fort". (Whitney, 1994, A12).
Enfin, bien évidemment, la scientologie continue à taper sur
le dos de la psychiatrie, cherchant à la lier à la fois au nazisme
et aux efforts actuels du gouvernement allemand. Hubbard ou qui que ce soit
ayant écrit ces instructions du manuel de lavage de cerveau serait sans
doute fier de la réussite des relations publiques de ses successeurs,
jusqu'ici.
En effet, si l'on considère cela sur le plan des relations
publiques, la scientologie peut être en train de gagner
la bataille, au moins en Amérique du Nord. Lorsque par
exemple, la prestigieuse Revue des Livres - New York a
publié un article "Allemagne contre Scientologie",
le journaliste allemand (écrivant pour le Süddeutsche
Zeitung) impliqua nettement que les officiels allemands prenaient
la scientologie comme tête de turc. Il semble que son argument
tentait de faire passer l'idée que les attaques contre
ce groupe n'étaient que panique morale, alors que d'autres
questions de société, telles le taux de chomage à deux
chiffres, la générosité gouvernementale
en déclin, les tensions au sein de l'union européenne
et les problèmes d'identité nationale devraient être
essentiels. (Joffe, 1997, 20). Cet argument démontre néanmoins
une profonde et progressante inexcusable méconnaissance des
abus dangereux ou troublants qu'accumule routinièrement
la scientologie envers ses membres.
Scientologie et probables violations des
Droits de l'Homme
Les fondements de l'opposition allemande à déclarer
la scientologie religieuse, ne serait-ce qu'afin de concéder
ceci à nombre de ses adhérents, cela n'a
rien à faire avec ce que les gens croient ou non. Le rapport
réel, c'est ce que sait le gouvernement allemand sur les
actions scientologues. C'est pourquoi cette présentation
s'est amplement focalisée sur les assauts que fait subir
la scientologie à ses propres membres les plus dévoués,
pour ne pas mentionner le système idéologique scientologue.
Les assauts décrits ici sont ceux que le gouvernement
allemand paraît connaître, si bien que le sachant,
ils n'ont d'autre choix que de considérer la scientologie
comme une menace pour un système démocratique. Si
les officiels accordent le statut religieux à la
scientologie, il y aura alors davantage encore de personnes s'impliquant
encore plus, et devenant membres de la Sea Org; certains d'entre
eux seront assujettis aux conditions et programmes brutaux ici
décrits. Compte tenu de l'expérience unique dont
disposent les allemands en matière à la fois
de National-Socialisme et de Communisme, il est impensable qu'ils
aident une organisation totalitaire capable de jeter ses membres
dans des camps de travaux forcés et de rééducation.
L'une des tragédies de ce débat, c'est que
les scientologues normaux se sentiront persécutés
et menacés. Ces gens ne connaissent rien des conditions
du RPF, et croient vraiment que la scientologie leur a profité.
Il semble néanmoins que l'organisation à qui ils
appartiennent commette de graves violations des Droits de l'Homme.
je concluerai par conséquent cet exposé en mettant
en lumière les zônes d'inquiétude soulevées,
en me servant de la résolution des Nations Unies de 1948
intitulée "Note Internationale sur les Droits
de l'Homme" (Nations Unies, 1996b) et de la "Convention
Internationale sur les droits Economiques, Sociaux et Culturels" (Nations
Unies, 1996a).
Tout d'abord, la procédure scientologique des Comités
d'Evidence, les sec checks, gang-bang sec-checks et les deux
programmes RPF violent absolument les articles 9 et 10 de la
Note. L'article 9 protège les gens contre "les
arrestations, détention ou exil arbitraires," alors
que l'article 10 guarantit "une audition normale et publique
par un tribunal indépendant pour la détermination
des droits et obligations et de toute charge criminelle contre
l'individu". (UN, 1996, 23)
Deuxièmement, les punitions de la scientologie envers
ses membres pour le simple fait de discuter les mérites
des enseignements d'Hubbard, tout autant que l'invasion des
pensées des personnes grâce au sec-checks, violent
sans aucun doute les articles 18 et 19 de la Note, articles
ayant trait "à la liberté de pensée,
de religion et de conscience, et à "la liberté d'exprimer
son opinion, ainsi que la liberté d'expression".
(UN, 1996, 25).
Troisièmement, les diverses pratiques et procédures
scientologiques ici présentées peuvent violer
l'article 17 de la note, qui énonce: "Nul ne sera
sujet à des interférences arbitraires ou illégales
de sa privauté, de sa famille, de sa correspondance,
ni à des attaques de son honneur ou de sa réputation".
(UN, 1996, 49).
Quarto, les conditions du RPF et du RPF
du RPF violent certainement l'article 7 de la Convention, établissant le "droit
de chacun à disposer de conditions de travail justes
et favorables" (UN, 1996a, 38). L'article identifie spécifiquement
les salaires convenables "a: une vie décente pour
eux et leurs familles; ... des conditions de travail permettant
santé et sécurité... repos, loisirs et
une limitation raisonnable des horaires de travail, avec quelques
congés payés périodiques" (UN, 1996a,
38).
Cinquièmement, et pour finir, les assauts psychologiques
extrèmes et les confessions forcées endurées
sur le RPF et le RPF du RPF violent manifestement l'article
12 de la Convention, qui reconnaît le "droit de
chacun à pouvoir obtenir le plus haut degré possible
de santé phyisque et mentale" (UN, 1996a, 18).
Ces points ainsi que d'autres existant
probablement font partie de ces programmes pour lesquels la
scientologie jouit
d'une exemption d'impôts, et qu'elle fait fonctionner
aux Etat-Unis. Gardant ces graves problèmes à l'esprit,
la critique des américains s'appuyant sur
des questions de droit de l'homme face à l'opposition
du gouvernement allemand n'est qu' arrogance diplomatique.
En accordant l'exemption d'impôts à cette organisation
, le gouvernement des USA coopère avec un groupe mettant
souvent des personnes en danger pour leur santé mentale
et peut-être physique.
Je ne veux pas que mon exposé d'aujourd'hui soit pris
pour un blanc-seing de ma part face à la théorie
ou à la rhétorique du gouvernement allemand,
mais sur la bataille avec la scientologie, c'est le gouvernement
qui se trouve du côté moral de la situation.
Stephen A.KENT
The Edmonton Examiner
July 10, 1998
P.2
Examiner issues apology to university professor
In early June
of 1998, the Edmonton Examiner inadvertently distributed
copies of the Freedom Journal to some Edmonton homes. The Freedom Journal
is published by the Church of Scientology International and made certain
allegations concerning University of Alberta Professor Stephen A. Kent (PhD).
The Edmonton
Examiner is not aware of any basis for the printed
allegations and was wrong to distribute material which represented
Professor Kent in a derogatory manner.
Further, the
Edmonton Examiner apologizes to Professor Stephen A.
Kent for any embarrassment caused and sincerely regrets its role in
the distribution of this material.
[In addition to this letter, The Edmonton Examiner included the following
insert into the newspapers that had contained the Freedom journal insert a
few weeks before.]
A MESSAGE FROM DR. STEPHEN A. KENT, PhD
July 8, 1998
In early June,
The Church of Scientology International distributed a
Freedom journal insert in this paper that contained defamatory and libelous
statements about me and my research on new and alternative religions. The
insert was especially critical of, but vague about, my presentations in
Germany last summer about Scientology itself. From reading the libelous
article, no one could know that I was speaking about human rights issues to
German government officials and others who were investigating Scientology.
I am thankful to the Edmonton Examiner for the opportunity to set the
record straight.
My statements
about Scientology are well documented, and are based upon
interviews and extensive citations of the organization's own material. The
fact that the Freedom article [was] written against me suggests the
accuracy of my scholarship. Were I to make mistakes, however, then
Scientology could hold me accountable. In contrast, no individual took
responsibility for being author of the piece against me, nor did the
publication identify any individual publisher or editor. I only can surmise
that no one associated with the publication has the integrity to stand
behind its contents.
For readers
who are bewildered about the debate between Scientology
and me, I suggest that they do their own research. Logging on to "Operation
Clambake" on the World Wide Web at <http://www.xenu.net/> is the
fastest
way to access what usually is thoughtful and insightful information. Brace
yourself, because you will not believe what you read. I urge you to pay
particular attention to analyses of Scientology's Rehabilitation Project
Force (RPF) program, about which I have written and spoken extensively in
Germany and elsewhere. Also read carefully about the tragic death of
Scientologist Lisa McPherson, which has even been the subject of a
television news program on CBS's Public Eye with Bryant Gumbel earlier this
year. Later in the Summer or early in the Fall, both ABC's Turning
Point
and Arts and Entertainment will present shows on the Scientology
organization. As this media coverage indicates, increasing numbers
of
people are realizing that Scientology deserves close and careful examination.
This debate
saddens me, since I know that many ordinary members believe
that Scientology has helped them and does good community work. These
people, however, do not have access to the important information about the
actions of the group's upper level management, which trace back to the
founder himself. I only wish that these members would realize that I,
as
an outside scholar, can see and discuss issues that would have enormous
implications for their own lives. Some of them should read or listen
to
what I am trying to say.
Sincerely,
Stephen A. Kent (PhD)
Professor
Department of Sociology
University of Alberta
Sotériologie:
(du grec sotherion, salut, de sôter, sauveur): science théologique
traîtant du salut de l'humanité, de sa rédemption.
"Mettre la planète au Clair", au sens scientologique,
consiste à produire suffisamment de clairs scientologues
- un niveau élevé d'aptitudes inventé par
Hubbard - afin de prendre les rènes dans leur ensemble.
psychs: pyschiatres et psychologues ont été renommés
'psychs' par Hubbard, qui en fait les ennemis principaux sous
l'appelation 'psychlos' dans ses derniers romans de science-fiction...
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